Escapade à TOURS en collaboration avec la Commanderie de Touraine

C’est dans les rues étroites du Vieux Tours qu’une trentaine des Anysetiers du Maine
et Perche et de Touraine se sont rencontrés devant le Musée de la Typographie.
Le soleil brillait mais un vent d’est soufflait, qui en refroidit plus d’un. Mais, très
rapidement, à l’intérieur de la salle étroite du Musée, chacun retrouva ses couleurs et suivit
avec une très vive attention et concentration les explications données par Muriel MECHIN
Directeur de cet intéressant Musée.
Tous les hommes de lettres ne sont pas facteurs ! Muriel Méchin, conservateur en
chef du Musée de la Typographie à Tours, serait en droit de revendiquer ce titre
honorifique. « Je suis tout seul, je n’usurpe pas le titre, se plaît-il à dire, avec un sourire
en coin. » Homme de bon caractère, il respecte à la lettre les règles de l’art typographique.
Il vous conte à sa manière, sur un ton plaisant, entrecroisé de jeux de mots et d’anecdotes
toujours d’à-propos, l’histoire de l’art de bien imprimer. Un vrai régal pour toutes celles
et ceux qui étaient venus naviguer dans cet univers un peu particulier. Rendons d’abord à
César ce qui n’appartient pas à Johannes Gutenberg, qui contrairement à ce que nous avons
appris sur les bancs de l’école, n’a pas inventé l’imprimerie.
Nous lui devons, en revanche, ce qui est, sans doute, l’événement le plus important
de la Renaissance, l’invention des caractères métalliques mobiles ainsi qu’une presse à
imprimer en bois en 1450. Ces découvertes ont été, en Europe, déterminantes dans la
diffusion des textes et du savoir. Le musée de la typographie offre un large panel des
différentes polices d’imprimerie, et dans un écrin pas plus grand qu’un mouchoir de poche,
on y trouve tout le matériel nécessaire à la production d’écrits et d’images. De la presse
taille douce, à celle lithographique, de l’hirondelle à la presse portative de notaire, des bois
gravés aux cuivres finement ciselés, les yeux ne savent où se poser tant l’ensemble est
dense.
Les Anysetiers Manceaux et Tourangeaux, qui nous avaient rejoints à cette occasion,
se sont répartis en deux groupes pour écouter sagement les commentaires du maître des
lieux, d’une part, pendant que votre serviteur leur divulguait, d’autre part, quelques
anecdotes sur les écritures et leur évolution, sans oublier l’évolution de l’imprimerie des
cartes à jouer. Vous vous en seriez douté !
Trait de plume, vignettes, lettrines anciennes, culs de lampe, initiales entrelacées et
fleurons n’ont plus de secret pour ceux qui étaient venus en cette belle journée rendre
hommage à Saint Jean Porte Latine patron des imprimeurs.
Balzac n’était pas très loin et d’un oeil attentif, sous la voûte ensoleillée d’un joli ciel
tourangeau, il nous préparait discrètement à un autre voyage aux pays des belles-lettres.
Pour conclure, sachez que les lettres, ensemble, font des mots, que des mots, ensemble,
font des phrases, et que par un délicieux mélange, on peut faire danser les phrases et les
mots :
« des palindromes aux aphorismes,
des calembours aux anagrammes,
des métaphores aux acrostiches
On peut vivre les mots bien au- delà de leurs sens »
À moins que… vous ne préfériez vivre les sens, bien au-delà de leurs maux !
Christian ROULEAUAprès cette visite très intéressante, animée et par le Maitre
responsable des lieux et par Christian ROULEAU, tous rejoignent
la ville de Saché pour se restaurer.
La bonne chère apprécieras
En fin gourmet, excellemment
Accueillis avec chaleur et attention par les restaurateurs, dans une salle qui leur est
réservée, les Anysetiers retrouvent leur verve habituelle. Peu importe que l’on soit de Tours
ou du Mans, la « température » verbale augmente très rapidement… Les seuls moments de
silence sont ponctués par les bruits des fourchettes et des couteaux.
Après un délicieux repas, c’est devant le
château que Tourangeaux et Manceaux se
retrouvent.
Il s’agit d’un simple logis de la Renaissance, transformé au cours des 18 et 19ièmes
siècles, puis modernisé au 20ième siècle par son propriétaire Jean MARGONE qui y
accueille, souvent, son ami BALZAC. D’ailleurs, celui-ci qualifie affectueusement le château
de « débris de château » mais sait y retrouver refuge pour échapper aux créanciers qui le
poursuivent à Paris.
C’est dans le calme de cette demeure que celui-ci écrit « le père Goriot » « César
Birotteau » et les « Illusions perdues ».Dans « le Lys dans la vallée » l’action se déroule
dans la vallée de l’Indre : de nombreux lieux décrits sont reconnaissables dans la région.
D’autres oeuvres empruntent des Tourangeaux, comme personnages, le Curé de Tours et
surtout beaucoup d’autres « Contes drolatiques ». Car l’oeuvre de Balzac, ne l’oublions pas,
est colossale : il s’agit d’une centaine de romans regroupés sous le titre « La Comédie
Humaine ».
A l’intérieur du château, qui comporte deux étages, nous découvrons la salle à manger
où BALZAC avec la famille MARGONE prend ses repas après 16 heures de travail et
l’absorption de beaucoup de café. Dans les différentes pièces, on trouve surtout un mobilier
et des objets qui évoquent des intérieurs de la Comédie Humaine.
De plus, des manuscrits intéressants montrent que l’inspiration ne suffit pas pour
réaliser une oeuvre, il faut surtout travailler le style. Que de ratures, de corrections sur
ceux de BALZAC !!
Au rez de chaussée, nous découvrons une salle consacrée à l’imprimerie car, BALZAC,
imprimeur, a créé une entreprise dans laquelle travaillaient 36 ouvriers : il a supervisé
l’impression de 250 ouvrages. Malheureusement, il fit faillite, au bout de deux ans, car il
n’avait pas vraiment le sens des affaires.
C’est en 1850, à 51 ans, que mourut, à Paris, BALZAC, obsédé et poursuivi par un
grand nombre des personnages qu’il avait créés.
Si, à l’intérieur du château, trône une sculpture de BALZAC, réalisée par RODIN en
1898, à l’extérieur, c’est un mobile de CALDER qui accueille les visiteurs. Un autre orne

dans SACHE la place qui porte son nom car ce sculpteur a vécu en Touraine et a su apprécier le bon vivre de cette région.