Les Maudites et Etranges Dynasties des BALKANS

Président de la société Historique d’Herbignac et maistre-anysetier, Pierre-Luc Philippe a présenté une conférence richement documentée, sur un thème largement méconnu de la plupart des soixante-cinq participants à une nouvelle soirée culturelle, au club-house du Golf de Guérande.

De la Roumanie au Monténégro, de la Serbie à la Hongrie, en passant par l’Albanie et la Bulgarie, plusieurs dynasties royales régnèrent puis disparurent, suite à l’occupation soviétique et à la domination communiste. Toutefois, après l’implosion soviétique des années 90, certains descendants reviennent, au sein des républiques, sur le devant de la scène politique et disposent, même, de liste civile (Margareta de Roumanie, Siméon II de Bulgarie, Nikola du Monténégro,……)

Siméon II                                       Margareta

Placées sous le joug ottoman ou sa féodalité pendant plus de cinq siècles, des nations de la péninsule balkanique n’obtinrent leur pleine indépendance qu’à partir de la deuxième moitié du dix-neuvième siècle.

La guerre de Crimée contre l’expansionnisme russe (Traité de Paris de mai 1856), avec le soutien de Napoléon III, permet au Prince Alexandre Cuza de réunir les principautés roumaines de Moldavie et de Valachie. La guerre Russo-Turque de 1877-78 (Traité de Berlin de mars 1878) se traduit par l’émergence indépendante de la Bulgarie, de la Serbie et du Monténégro. La Hongrie, détachée de l’Autriche et de l’Empire des Habsbourg, déchus, délimitée par le traité de Trianon et l’Albanie, par le traité de Tirana n’accèdent à une pleine indépendance qu’en 1919.

A l’aube de la première guerre mondiale, en 1914, l’Europe compte, seulement, trois républiques (San-Marino, Suisse et France) ; les autres Etats sont des Empires, des Royautés ou des Principautés (hors le Vatican). Les familles princières allemandes, dont celle de Saxe-Cobourg-Gotha, règnent en de nombreux pays : Georges V, Guillaume II et Nicolas II, petits-fils de la Reine Victoria, sont cousins germains.

Aussi, plusieurs nations balkaniques puisent dans ce vivier pour choisir leurs souverains : Ferdinand Ier, cousin du Kaiser, en Bulgarie, qui se proclamera Tsar, en 1908, au grand dam de Nicolas II ou Carol Ier, de la famille des Hohenzollern-Sigmaringen, en Roumanie.

Carol Ier                                 Le “tsar” de Bulgarie

A l’opposé, la Serbie fut marquée par des conflits violents entre clans de marchands de porcs, les Karageorgévitch et les Obrénovitch : le premier roi de 1882, Milan IV Obrénovitch fut massacré, ainsi que toute sa famille et ses ministres, en mai 1903 par les Karageorgévitch, dont est issu Pierre Ier de Serbie, ancien élève-officier de Saint-Cyr. Vainqueur, dans le camp des alliés, Pierre Ier devient roi des Serbes, Croates et Slovènes, en 1918 et son fils, Alexandre Ier, francophile, assure la régence entre 1914 et 1921 . Son assassinat, à Marseille, le 9 octobre 1934, conduit à une nouvelle régence, celle du Prince Paul de Yougoslavie, qui supplée l’enfant-Roi (11 ans), Pierre II. Le choix des alliés de soutenir Tito et la résistance communiste, plutôt que les résistances royalistes ou nationales amènent à la fin de la royauté.

Alexandre Ier                   avec Louis Barhou, à Marseille

Premier ministre de la Bulgarie, entre 2001 et 2005, Siméon Borissov de Saxe-Cobourg-Gotha fut un autre enfant-Roi, à 6 ans, après le décès curieux de son père, Boris III, en 1943, suite à une visite au Chancelier Hitler, à Berlin : il est le dernier chef d’Etat de la Seconde Guerre mondiale , encore vivant.

Des coups d’état transformeront, progressivement, la République d’Albanie en Royaume, en 1928, avec pour Roi Zog Ier (Ahmed Zogu, chef de clan musulman), après avoir connu une régence, en 1924, sans Roi ! Le pays subira l’invasion italienne, en 1939 et Zog Ier, en exil, en France, décède, à Suresnes, en 1961.

Inspiration de Hergé, pour le sceptre d’Ottokar?

Principauté épiscopale, à l’image d’Andorre, avec l’un de ses deux co-princes, le Monténégro est devenu laïque en 1852 par Daniel II, qui sera assassiné en 1860. Son neveu et successeur, Nicolas Ier, le « Bon des Balkans », instaure la royauté en 1910 Il sera connu, comme le « Beau-Père de l’Europe », tant est important le nombre de ses descendants, qui furent couronnés ou prétendants au trône. La première guerre mondiale met fin à son règne et le Monténégro n’aura connu qu’un roi.

Royaume millénaire, la Hongrie eut une fin sans roi, en 1920, malgré plusieurs tentatives de restauration par Charles IV, après la proclamation de la première république, en 1918. Miklos Horthy, régent élu en 1920, dirige, autoritairement, le pays et se rapproche du régime nazi.

Charles IV (Bienheureux)                                Horthy

Souvent victimes ou actrices de violences, les monarchies balkaniques ont marqué l’histoire de leurs nations et de toute l’Europe.