Visite de l’Église Saint-Gouesnou

En ce jour de septembre 2024, nous étions une vingtaine d’Anysetiers et amis réunis pour cette visite de l’Eglise Saint-Gouesnou, joyaux de notre commune, première église classée Monument Historique de la Métropole brestoise en mai 1914.

Notre hôte Daniel CROUAN, nous accueille devant le portail de l’enclos pour démarrer notre visite. Nul autre que lui ne connait mieux l’édifice et nous avons pu déguster avec gourmandise ses explications sur son architecture, son histoire, ses malheurs.

Commençons par ses malheurs. Au début des combats pour la libération de Brest en août 1944, la flèche (poste d’observation de l’ennemi) est décapitée par un tir de l’artillerie américaine et l’église subit un incendie causé par les allemands dans la nuit du 12 au 13 août 1944, causant d’immenses dégâts. Après la guerre, les restaurations débutèrent en 1947 et s’achevèrent en 1972 avec la pose des vitraux. L’édifice a bénéficié d’un énorme travail de restauration en 2022 qui lui a redonné le lustre qu’il mérite.

La construction de l’église débute au 16ème siècle en 1552, elle est agrandie au 17ème siècle de 1615 à 1642. Le clocher présente deux étages de galeries en encorbellement, terminé par une flèche très élancée. L’abside est polygonale.

Nous découvrons le porche construit de 1640 à 1662. Daniel nous montre un motif décoratif sur le socle de la troisième colonne à gauche en entrant : il s’agit d’un pentacle, une étoile à cinq branches, on dit aussi pentagramme. Dans la tradition chrétienne le chiffre cinq c’est l’homme avec ses cinq extrémités (cf. l’homme de Vitruve), c’est les doigts de la main, les cinq sens en y incluant l’esprit, les cinq plaies du Christ.

Les niches du porche, au nombre de treize, prévues à l’origine pour le Christ et les douze apôtres sont de nos jours vides. Selon la légende, les statues auraient été détruites à la Révolution et enterrées mais jamais retrouvées. Les niches sont encadrées de colonnes qui reposent chacune sur un socle décoré sur trois côtés de fleurs, de symboles religieux tout à fait classiques (IHS) mais la présence de ce pentacle est inhabituelle. Serait-ce un petit clin d’œil du sculpteur ?

Nous ouvrons les portes qui présentent les symboles de la Passion pour pénétrer dans la nef. Daniel nous propose de monter dans le clocher mais l’étroitesse de l’escalier et nos rhumatismes auraient risqué de nécessiter l’intervention des pompiers pour nous récupérer !

Nous pouvons découvrir les vitraux des transepts nord et sud et du chœur. Ils sont l’œuvre de Jacques Le Chevallier, célèbre Maitre verrier vitrailliste du XXème siècle. Ils datent de 1972 et sont référencés parmi les œuvres majeures de l’artiste.

Le vitrail du transept nord représente les quatre évangélistes. Etonnamment ils ne suivent pas l’ordre canonique puisque l’on trouve Matthieu, Jean, Luc et Marc, chacun ayant son symbole sous sa représentation – volonté délibérée ou erreur au montage ?

   

En face le vitrail du transept sud dévoile l’Arbre de Jessé, symbole puissant de connexion entre l’ancien et le Nouveau Testament. Motif iconographique majeur dans l’art chrétien, l’Arbre de Jessé représente la généalogie du Christ à partir de Jessé, le père du roi David. Ce thème s’inspire de la prophétie d’Isaïe : « Un rameau sortira du tronc de Jessé ». On le retrouve sur les vitraux des grandes cathédrales comme celles de Chartres et de Saint-Denis.

Le vitrail du chœur nous décrit la Passion et la Crucifixion. On y trouve les instruments de la Passion, différents objets faisant référence à des moments de la Passion du Christ. Parmi les plus connus il y a sans doute le coq qui fait allusion au reniement de Pierre, la couronne d’épines, la bourse de Judas contenant les 30 pièces d’argent, les clous, les tenailles etc… Ces objets servent à expliquer de façon imagée à un public d’illettrés les épisodes douloureux de la Passion du Christ pour la dévotion des fidèles.

   

La visite se poursuit par la présentation des bannières de la troménie de Saint-Gouesnou qui a lieu tous les ans le jour de l’Ascension. Nous découvrons aussi différentes statues d’époque qui ont survécu au chaos de 1944. La visite se termine par l’exposition de quelques pièces du trésor, dont le reliquaire de la phalange de Saint-Gouesnou.

Après les nourritures de l’esprit, les Maistres Anysetiers et leurs amis se retrouvent avec quelques nourritures terrestres autour de leur guide passionné.