Conférence sur San Antonio et Frédéric Dard

San ANTONIO, Frédéric DARD, deux noms pour un même écrivain.

 

151 livres produits en 75 ans ; 150 millions de livres vendus. C’est de Frédéric DARD et San Antonio que notre conférencière, Sylvette Marty, nous a entretenus ce jeudi 3 avril au Domaine de TAIS. En fait, deux noms pour un seul auteur, né en 1921 et décédé en 2000.

Une enfance perturbée. Handicapé du bras gauche, raillé à l’école, il se réfugie dans la lecture, encouragé par sa grand’mère qui l’a élevé, elle-même « vorace de livres ».

A 16 ans, il décide de vivre à Paris, part en errances dans des quartiers tristes et gris, décors expressionnistes où il se complait; rencontre artistes et auteurs, fréquente les tribunaux ce qui lui apporte la connaissance du « milieu », et des personnalités originales que l’on retrouvera dans ses romans. Il est imprégné de cette période où l’érotisme est assumé, dans laquelle les mœurs et le langage se libèrent. Soutenu par ses maîtres, tels que Marcel Le Granger, écrivain journaliste, ou Léon Chalex, créateur génial, excentrique et incompris, il commence à vivre de sa plume.

Il s’inspire des policiers américains, des romans noirs à la française, un genre littéraire qui échappe aux codes de la littérature classique. A côté d’ouvrages plus intimes et classiques, il est poussé à s’inscrire dans une paralittérature « de kiosque de gare ». Le personnage de San Antonio est né et le « vampirisera ». On aime, ou l’on rejette.

Toutefois son don de conteur est incontestable.  L’action est mise au second plan. Les scènes érotiques transgressent la bienséance. Mais il sait créer une atmosphère, par sa vision du monde, son goût de l’amour,  et son langage unique : Une langue familière, argotique, avec ses jeux de mots à double sens, des sonorités répétitives. Parodies, clichés, exagérations grotesques, paillardises rappelant le Gargantua de Rabelais. Il joue avec le style en entraînant et amusant le lecteur devenu complice.

Pour qui prend le temps de chercher l’auteur dans l’ensemble de ses œuvres, apparaît sa nature profonde : Une solitude existentielle ; une philosophie de la liberté qui oblige un perpétuel choix. La vie est une succession d’instants. Le bonheur ne peut se trouver que si l’on respecte chacun d’entre eux. Et le drame, c’est que vous ne pouvez pas fuir.

Une vision lucide et sombre de l’humanité où l’homme est un loup pour l’homme. Mais sans désespoir. Pour être un homme véritable, il faut agir, bouger, oser, se forger un espoir tout en assumant ses zones d’ombres. Mais aussi un humaniste : être disponible aux autres.

En conclusion, une personnalité tiraillée entre le matérialisme et la spiritualité. Car l’homme est corps et pensée. Il ne faut négliger ni l’une, ni l’autre.