LES ESPIONS DES LUMIERES.
En cette soirée du 13 octobre de lan de grâce 2016, lhonorable assemblée des Anysetiers sest réunie pour ouïr Stéphane Genet, éminent historien et spécialiste du XVIIIème siècle.
Lespion évoque un univers de mystère et dintrigues, un monde daventuriers sournois, mais aussi parfois chevaleresques sil défend une cause reconnue bonne. « Le second plus vieux métier du monde avec encore moins de principes moraux ».
Le XVIIIème siècle est une période de transition entre la Royauté absolue de Louis XIV et la Révolution. Lors des guerres de Succession et de la sanglante et dévastatrice guerre de Sept ans, les conflits furent nombreux et sétendirent non seulement en Europe, mais de lAsie à lAmérique. Avec peu dévolution technique ou stratégique, leffet de surprise pouvait être un atout. Lespionnage savérait utile, même sil nétait pas décisif. Le Maréchal de Saxe, vainqueur de Fontenoy fit bon usage de ceux que lon nommait alors « agents ».
Mais qui étaient ces personnages de lombre, le plus souvent méprisés, risquant la pendaison pour trahison ? Loin dappartenir à une organisation, telle aujourdhui la CIA ou Les Renseignements Généraux, le plus souvent isolés, ils étaient engagés par un commanditaire. Paysans, commerçants nattirant pas la suspicion, prisonniers ennemis, le plus souvent des militaires, il leur était généralement demandé des qualités multiples pour pouvoir sadapter à toute situation, être aptes à capter les informations les plus diverses, savoir les coder, relever des cartes, éventuellement maîtriser des langues étrangères Pourquoi, avec si peu de reconnaissance, prenaient-ils autant de risques? sinterroge-t-on. Notre conférencier en résume lintérêt par lacronyme MICE: money, idéologie, chantage, ego. Dans un environnement guerrier, les plus prisés étaient les militaires, dragons, hussards ou autres. Ceux-ci, sils étaient pris parvenaient assez souvent à éviter les châtiments : fuite, négociation, éventuellement procès. Sattribuer des agents était un enjeu de pouvoir : contribuer à la remontée des informations vers un supérieur, vers les ministres et le roi, pouvait attirer leur faveur. Les agents étaient des pions pour la construction de lEtat.
Outre dans le secteur militaire, lespionnage sinfiltrait partout : à la cour, dans la police, avec ceux que lon appelait « les mouches », dans lunivers domestique, économique Nest-ce pas toujours le cas ? !En tout état de cause, et sauf exception, le métier, généralement de courte durée ne rapportait que très peu !
Après ce passionnant récit, nous avons replongé dans le XXIème siècle autour dun repas toujours joyeux et convivial.
NB. Stéphane Genet nous invite à participer au cycle de conférences des Salons de Choiseul les 17 et 18 novembre. Cf. Site internet pour inscription.