Thérèse PLANIOL, femme et médecin d’exception – Un fabuleux destin raconté par le Professeur Léandre POURCELOT

THÉRÈSE PLANIOL (1914-2014)

 

En ce 8ème jour du mois de mars de l’an 2018, déclaré Journée de la Femme, notre éminent ami Anysetier, Léandre POURCELOT, nous a présenté le portrait et la vie d’une femme d’exception : Thérèse PLANIOL avec laquelle il a œuvré pendant de nombreuses années au CHU de Tours.

Abandonnée après sa naissance et de père inconnu, fille de l’Assistance Publique, placée dans une famille modeste d’Auvergne, d’un tempérament quelque peu rebelle, elle fut cependant très vite remarquée pour son intelligence et engagée à poursuivre ses études. Une vocation inébranlable : devenir médecin. Mais à cette époque, ce parcours n’était pas concevable pour une femme. Elle fut toutefois autorisée à s’inscrire en Sciences.  Après maints refus, détours, mise à l’écart à plusieurs reprises parce que femme, elle finit par surmonter tous les obstacles et devint la première agrégée de France en physique médicale.  Soutenue par quelques amis, mais surtout grâce à son acharnement, après un passage dans les services de l’Assistance Publique, elle s’engagea dans la recherche à l’hôpital de La Pitié Salpêtrière, puis à Villejuif dans le domaine de l’investigation non invasive du cerveau. Ses travaux, publications et conférences lui apportèrent une reconnaissance internationale.  Mais consciente de la rapidité des avancées en médecine nucléaire, et émue par les souffrances que provoquaient les méthodes en cours, elle réclama maintes fois de nouveaux moyens et collaborateurs devenus indispensables qui lui furent refusés. Ses projets freinés, et par ailleurs sollicitée et encouragée par son mentor, le Professeur Debré, elle quitta Paris et obtint son laboratoire et une chaire au CHU Bretonneau de TOURS en 1968. Elle put constituer une équipe solide et compétente d’ingénieurs, physiciens, informaticiens qui lui permirent de développer les diagnostics par les techniques d’imagerie et Doppler. Avec son équipe, elle permit au CHU de devenir pionnier dans le domaine des ultrasons et de l’échographie. Par son charisme et son infatigable énergie, Thérèse Planiol étendit ces méthodes d’investigations à d’autres secteurs, jusqu’à sa retraite en 1980.

Mais c’est aussi grâce au soutien de son époux René Planiol, physicien lui-même, qu’elle put surmonter les frustrations, les déceptions et préjugés liés à son sexe. C’est aussi dans leur propriété de Touraine qu’elle trouva le réconfort après la douleur que lui causa la mort de ce dernier, elle qui avait tant besoin d’amour et d’amitié.

Poussée par sa force de vie et hantée par ses origines, elle passa deux années à reconstituer l’histoire de sa famille biologique et parvint à remonter au-delà de la Révolution Française. Elle découvrit avec bonheur un grand-père médecin chercheur dont elle se sentait héritière. Son goût pour les arts, la poésie, et le besoin de trouver un sens à sa vie la poussèrent à écrire sa biographie, (« Une femme, un destin ») et un recueil de poèmes émouvants (« Quelque chose d’autre »).   Elle nous offrit également une enquête passionnante sur la réussite de femmes médecins qui ont su, comme elle, surmonter les obstacles liés à leur sexe (« Femmes médecins »). Décédée en 2014, à près de 100 ans, auréolée de tous les honneurs, décorations, elle nous a surtout laissé la « Fondation Thérèse et René Planiol » qu’elle a créée pour la recherche sur le cerveau, et à laquelle notre Commanderie a fait un don lors de notre dernier chapitre magistral. Merci à notre ami Léandre de nous avoir fait découvrir cette femme hors du commun. 

Encore admiratifs et enrichis par cet exemple de courage, nous pûmes profiter du délicieux repas et de la chaleur de l’accueil dans le délicieux havre de paix du Moulin de La Planche.