Conférence sur le Compagnonnage
Ce 16 novembre de l’an 2022, les Anysetiers se sont réunis pour entendre une intéressante conférence sur le Compagnonnage proposée par notre ami, Jacky Fourniol.
Très tôt dans l’histoire, les métiers se sont organisés en corporations pour défendre leurs intérêts et transmettre leur savoir-faire. Des confréries de secours mutuel, alimentées par des dons et taxes se formèrent pour soutenir les malades, les orphelins, veuves et vieillards et organiser les cérémonies. Ces communautés subirent de nombreuses transformations au cours des siècles. Au XIIIème siècle, en France, Etienne Boileau, prévôt de Paris fut chargé par Saint Louis de recenser et structurer les métiers sous l’autorité monarchique et religieuse. Des « jurés » furent chargés de les représenter et de les contrôler.
Tantôt interdites parce que trop agitées par des rixes, querelles religieuses, grèves ou manifestations, tantôt protégées, elles prennent leur essor au 17ème siècle, période pendant laquelle apparaît le terme de « Compagnonnage » pour spécifier les associations effectuant une formation par itinérance. La Révolution de 1789 avec l’abolition des privilèges et la Loi Le Chapelier interdisant toutes les associations ouvrières, suivis de la Révolution industrielle viennent troubler ces organisations séculaires. Les « Devoirs», groupements de métiers, sauront rebondir au XIXème. « Le Livre du Compagnonnage » d’Agricol Perdiguier, puis le roman de Georges Sand « Le Compagnon du Tour de France » firent connaître et répandre leurs valeurs, leurs règles, leurs références et leurs rituels, dont certains inspirés des légendes, des pratiques et décors de la Maçonnerie spéculative. Les autres corporations prendront de nouvelles formes telles que les syndicats ouvriers, les chambres de Commerce etc…
Le principe du Compagnonnage est un apprentissage auprès d’un Maître, basé sur l’exemple et le dialogue. Sous le patronage de trois personnages légendaires : Le Roi Salomon, Maître Jacques et le Père Soubise, sont inculquées des valeurs morales et spirituelles, de travail bien fait, d’entraide, de courage, d’engagements. L’apprenti devenu aspirant se perfectionne lors un Tour de France et doit accomplir un « chef d’œuvre», qui lui permettra de devenir Compagnon. Il peut poursuivre sa formation auprès de divers patrons, appelés « Pays », ou « Coterie » et au bout d’un certain nombre d’années devenir lui-même Maître. Cérémonies, rituels et serments marquent ce parcours. Au cours de leurs voyages, les compagnons sont accueillis par une Mère dans des Chambres ou Cayennes.
Aujourd’hui, les Devoirs se sont regroupés en Fédérations de métiers. L’intérêt pour le Compagnonnage renaît, avec son principe de formation par alternance associée aux divers diplômes du CAP au BTS, ses qualités de travail bien fait, de valeurs morales, de solidarité et de cultures locales. Des musées , dont celui de Tours présentent « les chefs d’œuvre ». Il a été inscrit au patrimoine culturel immatériel international de l’humanité par l’UNESCO en 2010.
Les échanges se sont poursuivis à l’occasion de nos traditionnelles et chaleureuses agapes.
Chantal Le Saulnier